En 2018, Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.) a lancé le premier de trois cours qui constitueraient le nouveau programme d’études sociales pour le secondaire, programme qui représentait un changement pédagogique important. Anciennement, les élèves devaient choisir entre l’histoire et la géographie à partir de la 10 e année et étudiaient cette matière jusqu’à l’obtention du diplôme. Pour s’éloigner des anciennes pratiques, le nouveau plan de cours adopte une approche plus intégrée à l’enseignement des sciences sociales, une approche qui se concentre sur les capacités d’exécution inhérentes, sur les façons d’assimiler les sciences sociales, plutôt que sur le contenu à étudier.
Le récent décès de Peter Seixas a suscité de nombreux hommages des personnes qui ont eu la chance de le connaître. Nous n’avons pas eu cette chance, mais nous sommes heureuses de dire qu’on retrouve son ADN dans l’ensemble du nouveau programme. Chacun des trois cours de base pour le secondaire comporte une unité commune sur les concepts et capacités d’exécution intégrés. Les six concepts de la pensée historique élaborés par M. Seixas sont enseignés et appliqués explicitement et ancrés dans le processus d’enquête, mais chacun utilise une différente lentille pour perfectionner ces compétences analytiques essentielles : l’éducation civique et l’économie, l’histoire et la géographie humaine.
De quoi ça peut avoir l’air dans la pratique? Nous utilisons de courtes leçons pour enseigner les six concepts au début du semestre afin que les élèves puissent comprendre comment chacun de ces concepts peut être utilisé dans l’analyse d’un enjeu. Armés de connaissances (et d’utiles modèles d’organisation), les élèves sont prêts à utiliser ces outils pour analyser des problèmes à facettes multiples. Une des activités populaires que nous utilisons peut facilement être adaptée aux objectifs d’un programme général ou particulier et incorpore non seulement l’analyse critique, mais aussi des principes démocratiques et des exercices de communication. Nous demandons aux élèves d’explorer un sujet controversé avant de voter sur la réponse. Par exemple, durant la pandémie, Terre-Neuve s’est jointe aux provinces maritimes pour former la «bulle de déplacement des provinces de l’Atlantique », ce qui était techniquement une violation de la Charte canadienne des droits, mais aussi justifié étant donné la situation. En fournissant aux élèves un lien vers un reportage de W5 et une grille d’organisation pour les aider à tenir compte des six concepts dans l’évaluation des conséquences de cette décision, ils ont pu rassembler et organiser des renseignements leur permettant de former une opinion raisonnable. Les questions comprises dans la grille d’organisation sont un aide-mémoire qui rappelle aux élèves comment utiliser les concepts et peuvent facilement être modulées à la différenciation pédagogique en incluant qu’un à trois des six concepts ou en demandant à des petits groupes de se concentrer sur un seul concept avant de le présenter à la classe dans le but de réaliser une analyse plus approfondie. (Nous utilisons souvent cette approche avec nos groupes à vocation professionnelle en encourageant la discussion tout au long du processus.)
Cette approche offre plusieurs occasions d’activités complémentaires. Par exemple : les élèves peuvent défendre leur point de vue, inciter un appel à l’action au moyen d’affiches, de balados ou de discours, ou approfondir une question en trouvant des exemples d’opinions contraires sur le sujet (qui, comme les élèves l’ont découvert, s’est rendu jusqu’à la Cour suprême du Canada!). Nous avons utilisé Feedback Frames pour cette activité. Les élèves ont aimé déposer leur vote dans la fente appropriée et ont aussi aimé être témoins du résultat visuel. Bien sûr, nous aurions pu compter les votes au moyen de divers médias, mais le fait de pouvoir se lever, tenir un jeton de vote et physiquement voter a rendu l’activité plus personnelle et significative.
Jill Kennedy et Jacqueline Rocket sont des enseignantes à Terre-Neuve