Pensée géographique

Énoncé du SSENC/RESSC sur l’incorporation de concepts sur la pensée géographique.

En tant qu’enseignantes et enseignants de géographie, nous soutenons et défendons l’inclusion de concepts de la pensée géographique dans l’apprentissage des sciences sociales partout au Canada. La pensée géographique doit être enchâssée dans les programmes provinciaux afin de garantir que tous les enseignantes et enseignants utilisent ces aptitudes. L’enseignement de la géographie doit dépasser le simple transfert d’information de l’enseignante ou de l’enseignant à l’élève. Grâce à l’utilisation de la pensée géographique et d’autres formes de pensée critique, les cours de géographie offrent l’occasion aux élèves de se transformer au moyen de compétences qu’ils utiliseront tout au long de leur vie comme ils commencent à comprendre et à créer leur place dans le monde. La plupart des enseignantes et enseignants savent que le contenu des cours de géographie (les régions, leurs caractéristiques et la façon dont les personnes agissent dans ces environnements) est important, mais il est encore plus important que les élèves interprètent, analysent et recherchent de l’information géographique eux-mêmes plutôt que de simplement l’ingérer. Les élèves doivent se voir comme des participantes et participants actifs dans le processus d’apprentissage.

Les auteurs d’Enseigner la pensée géographique (éditeur : Roland Case) fournissent une ressource professionnelle pour aider le personnel enseignant à transmettre six concepts essentiels à la capacité des élèves de penser la géographie de façon critique. Leurs travaux à l’Université de Calgary ont permis de créer un cadre de pensée géographique portant sur ces six concepts. Il existe d’autres approches à ce travail, mais les programmes scolaires canadiens ont été orientés en grande partie par ces concepts.

Le premier concept est l’importance spatiale. L’utilisation de ce concept exige qu’on demande aux élèves de préciser les phénomènes et régions qui valent la peine d’être étudiés. Les élèves doivent évaluer les caractéristiques ou les aspects d’un phénomène géographique pour déterminer ce qui les rend dignes d’attention ou de reconnaissance. La façon dont se constituent les territoires et comment se définit la relation que les humains entretiennent avec eux, le changement des conditions météorologiques et le rôle des activités humaines à cet effet et la répartition des phénomènes climatiques extrêmes sont autant de sujets qui peuvent bénéficier de l’application d’une lentille géographique.

Le deuxième concept est celui de l’appel aux sources et de leur interprétation. On s’attend à ce que les élèves utilisent les processus d’enquête géographique et des compétences en littératie géographique. En se faisant, ils posent des questions et recueillent, interprètent et analysent des données et des idées d’une variété de sources et d’échelles temporelles et spatiales. L’interprétation des sources est évaluée en tenant compte des contentieux, de la fiabilité des sources et du caractère adéquat des preuves. Par exemple, ces habiletés sont essentielles à l’étude des enjeux environnementaux controversés comme la construction d’un pipeline ou l’embourgeoisement de quartiers urbains.

Le troisième concept concerne la détermination des constantes et des tendances. Il est utile pour examiner les constantes des phénomènes géographiques dans l’espace et le temps. Ainsi, les élèves doivent tirer des conclusions sur les fluctuations relatives aux phénomènes géographiques et leur répartition en comparant de l’information sur diverses régions et en examinant la façon dont les phénomènes changent ou se répètent dans le temps. Ils doivent aussi prendre note des façons dont les phénomènes naturels varient en uniformité dans un endroit particulier avec le temps. Il pourrait s’agir d’étudier la ceinture de feu et ses effets dans la région ou à un endroit particulier ou les effets de la croissance urbaine sur l’érosion des sols, le cycle hydrologique et les terres agricoles.

Le quatrième concept est celui qui porte sur les relations et associations. Lorsque nous examinons les phénomènes géographiques dans le contexte de la société humaine, nous devons examiner l’effet que nous avons sur les paysages naturels et inversement comment nous nous adaptons à ces paysages. Cette lentille nous permet d’explorer des concepts comme l’effet de l’extraction des ressources sur la lithosphère et les types de peuplement associés à ces ressources. En allant au-delà de la simple connaissance de l’emplacement des régions et en explorant comment les choses sont liées, nous fournissons le contexte pour une meilleure connaissance des phénomènes géographiques.

Le cinquième concept est celui de la perspective géographique. Il s’agit d’acquérir des connaissances sur les différentes caractéristiques des endroits. Les enseignantes et enseignants demandent aux élèves de devenir des observatrices et observateurs et de prendre conscience de leurs expériences spatiales. Nous favorisons ainsi une meilleure connaissance de la collectivité et de l’environnement et un raffermissement des liens avec ceux-ci. Les élèves développent la capacité d’évaluer l’importance et l’unicité des régions en déterminant leurs caractéristiques physiques et humaines et en délimitant les différentes régions à des fins d’établissement de cartes.

Le dernier concept est celui du jugement sur le plan géographique. On s’attend à ce que l’on prenne des décisions éthiques au sujet d’actions controversées du passé ou du présent et que l’on détermine si nous avons la responsabilité de réagir, comme c’est le cas, par exemple, avec les problèmes environnementaux. Quelles normes éthiques motivent nos actions ou réactions à un phénomène géographique?  Les élèves doivent pouvoir évaluer les effets d’actions ou d’événements à caractère géographique sur le territoire, les sociétés humaines ainsi que sur les enjeux ces actions ou événements soulèvent. Par exemple, est-ce que l’humain doit sacrifier son niveau de vie pour freiner le changement climatique?

Les enseignantes et enseignants qui veulent favoriser la pensée géographique chez leurs élèves au moyen de la pensée critique trouveront que ces six habiletés de la pensée géographique fournissent un cadre pour la résolution de problèmes géographiques. Les enseignantes et enseignants permettent aux élèves d’être conscients de leur environnement et de le comprendre. Ce faisant, ils développent leur propre sentiment d’appartenance et abordent diverses perspectives sur les relations entre l’humain et l’environnement. Les enseignantes et enseignants doivent favoriser la capacité d’agir des élèves et leur permettre de se voir comme acteurs dans le processus d’apprentissage des notions relatives au monde qui les entoure. La pensée géographique permet d’y arriver.